Du 27 janvier au 6 février dernier, à Kingersheim, Momix, le 31e Festival international jeune public a invité plusieurs familles, en partenariat avec la CMCAS, à retrouver le goût des sorties culturelles. Et si, par les temps qui courent, nous avions, petits et grands, davantage encore besoin de spectacle vivant ?
Par Naly Gérard – Le journal des activités sociales de l’energie
À Kingersheim (Haut-Rhin), en banlieue de Mulhouse, la place de La Réunion justifie pleinement son nom pendant le festival de spectacles Momix. Cette année, en particulier, elle s’affirme comme le carrefour convivial de l’événement en accueillant à la fois la librairie itinérante Au vrai chic littérère et le charmant chapiteau en forme de parapluie de la compagnie Bêtes de foire-Petit Théâtre de gestes, devant le restaurant Les Sheds.
En ce samedi après-midi, une odeur de crêpes parfume la salle du restaurant. Trois enfants et trois adultes, bénéficiaires de la CMCAS de Mulhouse, s’attablent pour discuter. Ils forment une partie du jury 2022, ce jury familial créé par la CMCAS et la CCAS en 2018 pour décerner un prix. Le petit groupe vient d’assister au dernier des quatre spectacles à départager. Finalement, l’heureux élu du jury sera « L’Odyssée », adaptation musicale des aventures d’Ulysse présentées du point de vue de son fils, Télémaque. Cette création de la Compagnie Tire pas la nappe partira donc en tournée dans les centres de vacances en 2023.
Vivre un moment privilégié avec son enfant »
Le jury est une façon de faire participer étroitement les parents et leurs enfants à la découverte du spectacle vivant. Certains ne sont plus à convaincre, comme Allan Bernard, 30 ans, représentant syndical chez Enedis à Mulhouse, également en charge de la trésorerie de la CMCAS locale. Membre du jury pour la première fois avec ses enfants, Loys Gérard, 8 ans, et Arthur Bernard, 3 ans, il ne tarit pas d’éloges sur les vertus du spectacle en famille. « Faire une sortie pour voir des choses que l’on n’a pas l’habitude de voir, c’est vivre un moment privilégié avec son enfant, résume-t-il. Ensuite, on parle de nos émotions ensemble. C’est important parce que, dans le quotidien, on a finalement peu l’occasion de parler ce que l’on ressent, d’être à l’écoute, de communiquer. »
Dans le jury pour la première fois également, Evan Bottlaender, 8 ans, qui habite Ruelisheim avec sa mère, enseignante, et son père, agent EDF à Ottmarsheim, sait pourquoi il aime le spectacle : « On ne passe pas nos journées à la maison, et puis on voit des gens en vrai. Les écrans, au bout d’un moment, tu sais comment ça marche, tandis qu’au spectacle tu ne sais jamais ce qui va se passer ! »
Les jeunes spectateurs sont nombreux à apprécier la rencontre avec les artistes en chair et en os. Maëlys Bottlaender, 11 ans, la sœur d’Evan, explique pourquoi : « Parler avec eux permet d’avoir des réponses aux questions que l’on se pose. Et puis cela stimule l’imagination : ça peut donner envie de refaire des choses à la maison. Une fois, après un spectacle, j’ai fait un petit film avec des peluches, dans ma chambre. » Yzha, collégienne de 14 ans, membre des Créados, un groupe impliqué dans les activités culturelles du Crea, la structure qui organise Momix, explique le plaisir qu’elle a à dialoguer avec les artistes : « Ils sont ouverts, ils ont l’air un peu fous aussi, comme nous ! Quand on se parle, c’est direct, on a l’impression d’être amis avec eux… »
Une relation fondamentale des artistes avec le public
Habituellement, Momix réunit 12 000 personnes environ à Kingersheim même, et presque le double en prenant en compte le fait que la programmation rayonne dans le Grand Est et auprès du public scolaire. L’édition 2022, elle, aura connu une affluence moindre, en raison du climat sanitaire.
Cette baisse est estimée à 20 %. Les contraintes sanitaires anti-Covid encore en vigueur fin janvier ont compliqué le travail des organisateurs, des artistes, des 60 techniciens et des 35 bénévoles. Malgré la fatigue, le sentiment d’avoir remporté une victoire est là car, en 2021, le festival s’était déroulé sans public.